Investissements
Le monde entier est à la fois attristé et choqué par les horreurs commises par la Russie en Ukraine. Ce pays est en proie à une invasion barbare faisant des milliers de morts et des millions de réfugiés, femmes et enfants pour la plupart, qui affluent aux frontières des pays voisins comme la Pologne et la Moldavie. Les actions meurtrières de Poutine ne sont toutefois pas restées impunies par la communauté internationale. En effet, si une guerre militaire a lieu sur le territoire ukrainien avec ses armes, ses tanks, les obus et toutes les atrocités que nous avons pu suivre avec consternation, il existe aussi une guerre économique, financière et technologique qui oppose désormais la Russie à l’Occident. Je crois que nous sommes tous surpris de voir à quel point les pays membres de l’OTAN sont unifiés autour de cette même cause, quitte à perdre des milliards de dollars en revenus et à accepter une hausse fulgurante de l’inflation, mettant ainsi leurs économies respectives dans un état précaire.
Les sanctions économiques vont jusqu’à un embargo sur le pétrole russe imposé par le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni, en passant par des sanctions financières sur les banques russes et les oligarques proches du régime de Vladimir Poutine. Les représailles des pays occidentaux envers la Russie ont eu des effets immédiats sur le prix du pétrole (nouveau pic depuis 2008) et de plusieurs matières premières comme le blé, l’aluminium, le charbon, le cuivre, le nickel et autres métaux qui ont tous atteint des niveaux records jamais vus jusque-là. En effet, la Russie et l’Ukraine représentent près de 30% du commerce mondial de blé. La Russie, à elle seule, exporte 30% de son pétrole et 40% du gaz naturel en Europe. Elle demeure le deuxième plus grand exportateur de pétrole au monde.
Le Canada et le Royaume-Uni importent très peu de pétrole russe tandis que les États-Unis importent 8% de leur consommation totale de la Russie. L’embargo n’affectera donc pas significativement ces pays sur la chaîne d’approvisionnement. Notre prix à la pompe en demeure toutefois affecté puisque sa valeur est cotée sur les marchés internationaux et est donc basée sur l’offre et la demande : le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour l’Europe et le prix du WTI pour l’Amérique du Nord. L’offre étant temporairement réduite par les sanctions, les prix augmentent puisque la demande reste forte. Toutefois, c’est en Europe que le défi sera de taille. Joe Biden a affirmé qu’il travaillait étroitement avec l’Europe pour mettre en place une stratégie à long terme afin de réduire leur dépendance à l’énergie russe. Selon Le Devoir, l’UE veut notamment couper 66% de ses importations de gaz naturel russe d’ici 2023. L’économie européenne est dépendante du pétrole et il lui est impossible, du moins à court et moyen terme, de couper drastiquement ses importations de pétrole russe pour bien fonctionner.
Cette guerre rappelle ainsi à quel point il est urgent pour certains pays européens d’accélérer leur transition énergétique vers l’énergie renouvelable. L’Europe en sortirait gagnante. En effet, cela permettrait d’agir efficacement contre le réchauffement climatique tout en empêchant Vladimir Poutine de s’enrichir davantage. Selon le groupe de réflexion Carbon Tracker, l’énergie solaire et éolienne produite en Europe est moins chère que celle tirée du gaz naturel. Un autre rapport, celui d’Ember, affirme que les énergies renouvelables ont déjà gagné du terrain entre 2019 et 2021, avec une hausse de production de l’électricité verte de 44 TWh par année tandis que l’électricité à base de gaz naturel est sur une décroissance annuelle de 23 TWh. L’Espagne et les Pays-Bas, quant à eux, brûlent environ 20% de moins de gaz fossile pour produire leur électricité. Ces tendances n’iront qu’en s’accélérant avec le conflit actuel. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a émis ses recommandations à l’UE notamment en demandant d’accélérer le déploiement de nouveaux projets solaires et éoliens. Elle demande également aux dirigeants de remettre plus rapidement les permis aux promoteurs et de subventionner 20% des coûts d’installation de panneaux solaires au niveau résidentiel. Cela permettrait de doubler les investissements en énergie solaire à court terme. L’Allemagne, par exemple, avait pour objectif d’être carboneutre d’ici 2050. Celui-ci vient d’être avancé à 2035. C’est dans ces moments de crise que l’Allemagne a pris conscience de l’importance d’être indépendant énergétiquement. Selon Paul Journet de La Presse, les Allemands importent actuellement près de 50% de leur gaz naturel de la Russie.
Même si ce sont de très bonnes nouvelles pour isoler la Russie et empêcher ainsi le Président Poutine et ses proches de s’enrichir, c’est tout de même secondaire face à ce que le peuple ukrainien vit actuellement. L’élan de solidarité de tout l’Occident et de ses alliés face à cette guerre injustifiée est étonnant. Il est évident que l’on pourrait faire plus en envoyant de l’aide militaire et humanitaire aux Ukrainiens, ou en durcissant davantage les sanctions économiques pour empêcher le Kremlin de se financer. Ce conflit aura ouvert les yeux du monde entier sur plusieurs aspects, notamment sur l’importance d’être indépendant énergétiquement et d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Sources :
https://plus.lapresse.ca/screens/97f738bd-4a46-462c-be54-e1bde4486584__7C___0.html
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