Actualités Blue Bridge
Les taux d’intérêt réels à long terme sont la résultante des taux d’intérêt nominaux moins le taux d’inflation . Ceux-ci sont généralement positifs notamment dû au fait qu’ils récompensent les épargnants qui font le sacrifice de repousser leur consommation. Les épargnants s’attendent donc non seulement à protéger leur capital, mais à le voir s’apprécier en termes réels. Ce fut le cas en général au cours des 50 dernières années pour ceux détenant un bon mélange d’actions, d’obligations, et d’actifs immobiliers. Même s’ils ont été positifs , les taux réels sont bas depuis une dizaine d’années en raison de l’intervention agressive des banques centrales pour supporter la croissance économique. Cet environnement a entraîné une bonne performance des marchés financiers, tant au niveau des obligations qu’en bourse. Il a aussi eu un impact sur le prix des actifs réels, le marché immobilier en particulier, et ce sans trop affecter les prix à la consommation. Toutefois, maintenant que l’inflation s’est emballée, le statu quo devient insoutenable et le tir doit être corrigé.
L’inflation, comme la haute tension artérielle, est une maladie silencieuse fort dangereuse. La bonne nouvelle, est que si on les traite tôt, on peut éviter la plupart des dommages qu’elles entraînent. Dans les deux cas, il faut faire preuve de courage et de discipline. Mais concentrons nous sur l’inflation pour le moment. Les banques centrales doivent ici faire preuve de courage et hausser les taux afin de tuer dans l’œuf la forte hausse des prix afin d’éviter qu’elle ne se transforme en spirale vers le haut comme ce fut le cas dans les années 1970, avec les conséquences négatives que cela a entraîné pour les épargnants et les investisseurs. L’attente et l’inaction ont forcé un remède de cheval au debut des années 1980, ce qui a entraîné la grande recession de 1981/1982 accompagnée d’une forte correction des marchés financiers.
Tel que spécifié plus tôt les taux réels faibles, voire négatifs depuis peu, ont entraîné une forte appréciation des actifs risqués comme les marchés boursiers et certains placements alternatifs utilisant un levier élevé. La hausse récente des taux a cependant ramené les marchés tant obligataires que risqués à la baisse. Mais que faire maintenant ?
Ce qui nous ramène à aujourd’hui. Si les banques centrales se traînent les pieds et augmentent les taux trop lentement, nous risquons de nous retrouver dans le même situation que dans les années 1970. Par contre, une hausse des taux trop agressive risque de ralentir trop rapidement l’économie et faire culbuter les marchés financiers. Comment réagir face à ce dilemme? Malheureusement on comprend qu’il n’y a pas de solution facile et qu’il serait préférable pour elles de faire preuve de courage en matant l’inflation dès maintenant. Ceci dit, j’ai l’impression qu’une approche plus graduelle, voire lente, est plus probable, parce que plus confortable.
L’ argument des banques centrales au départ était que ces taux peu élevés ne provoqueraient pas de poussée inflationniste. Puis, elles ont affirmé que cette poussée ne serait que transitoire. Elles semblent maintenant croire qu’elle pourrait perdurer. En réaction, des hausses de taux ont été mises en place mais les taux réels demeurent négatifs. On a blâmé la pandémie, le conflit en Europe, et les chaînes d’approvisionnement. Bien que réels, je perçois ces éléments comme de simples accélérateurs sur un terrain déjà fertile à l’inflation. Le vrai coupable étant la croissance excessive de la masse monétaire au cours de la dernière décennie qui ne pouvait selon moi que nous amener là où nous sommes actuellement. Cette croissance n’avait pas entraînée d’inflation jusqu’ici en raison de quatre vents de dos , soit la globalisation, la démographie favorable, la paix relative, et les avancées technologiques, notamment l’internet. Le vent de dos technologique pourrait persister. Les trois autres sont maintenant clairement des vents de face sous la forme notamment d’un protectionnisme de plus en plus répandu, du retour à la production locale, du vieillissement de la population, et de d’un conflit armé d’importance qui risque de persister et qui affecte fortement les prix de l’énergie. La lutte aux changements climatiques, si on s’y applique de façon sérieuse, représente également un défi pour les prix de l’énergie
Une approche lente et graduelle est également la préférence des gouvernements pour qui l’inflation est le plus belle et la plus sournoise forme de taxation. En effet, leurs revenus dans un contexte d’inflation élevée augmentent rapidement, surtout si les taux d’intérêt restent plus bas que l’inflation. Il devient plus facile d’équilibrer le budget comme on l’a vu récemment tant au fédéral qu’au provincial. Le gouvernement fédéral e engendré un surplus de 10.2 milliards au premier trimestre cette année contre un deficit de 36.5 milliards au meme trimestre de l’an dernier, en bonne partie grâce à une augmentation des revenus de 18.7 milliards.
Confronté à un tel environnement, comment les investisseurs doivent-t-ils réagir ? Nul doute que les rendements élevés en termes réels des dernières années sont derrière nous. Une action plus musclée des banques centrales aurait sûrement un impact négatif sur les rendements à court terme. Par contre, comme dans le cas de la tension artérielle élevée, on préviendrait ainsi un problème beaucoup plus grave à terme et on mettrait la table pour un environnement beaucoup plus sain et porteur à long terme. Rares ont été les périodes de dix ans où les rendements ont été négatifs. Dans les circonstances, la meilleure approche semble encore de demeurer investi et maintenir une bonne diversification en fonction de son horizon d’investissement et de sa tolérance au risque. Certains placements alternatifs tels que l’immobilier, les placements privés et l’infrastructure pourraient présenter de belles opportunités face à une économie sous pression et aussi procurer une diversification accrue.
Guerre en Ukraine : comment aider ?
Transition énergétique accélérée en temps de guerre
Relations internationales et marchés boursiers
Retour sur la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26)
Un air de «déjà-vu»
Perspectives 2022 – la fuite en avant…