Investissements
Directeur des investissements
L’économie mondiale a continué de montrer des signes de reprise au cours du premier trimestre alors que les pays accéléraient l’administration des vaccins tout en courant contre la menace d’une troisième vague d’infections provoquée par de nouveaux variants du virus. Les principaux signaux économiques tels que les données sur le chômage, en baisse à 6 % aux États-Unis, et les indicateurs Purchasing Managers’ Indexes (PMI), au-dessus du seuil de 50 aux États-Unis et dans la zone euro, ont affiché une amélioration soutenue. La confirmation de ces progrès pouvait également être observée dans les dernières Perspectives de l’économie mondiale du FMI. Leur analyse montre que la production mondiale devrait progresser de 6 % en 2021 et de 4,4 % en 2022 (augmentations de 0,5 % et 0,2 %, respectivement, par rapport à la mise à jour de janvier précédente). Bien que la croissance absolue soit bonne, le marché réagit généralement aux changements et, à ce titre, les améliorations de la conjoncture économique, mentionnées précédemment, ont beaucoup à voir avec la vigueur des marchés boursiers au premier trimestre. Les marchés ont également été stimulés par le soutien continu des gouvernements, en particulier par le plan de relance annoncé par le président Biden de 1,9 billion de dollars et les attentes suscitées par son plan de dépenses de 2 billions de dollars pour les infrastructures.
L’indice mondial MSCI a augmenté de 4,92 % au premier trimestre, toutes les grandes régions enregistrant de solides résultats (tableau 1). Les actions européennes ont bien rebondi après une année 2020 difficile, alors que l’Europe était l’une des rares régions à terminer l’année en territoire négatif. La tendance vers les titres liés à la reprise économique étant toujours en pleine vigueur, les marchés boursiers ont connu deux tendances générales au premier trimestre, la surperformance des titres de petite capitalisation et de style valeur. Dans ce contexte, il ne faut pas s’étonner que les secteurs les plus sensibles économiquement, à savoir l’énergie, les finances, l’industrie et les matières premières, s’en soient tirés haut la main. Pendant ce temps, les secteurs les plus défensifs ou résilients, tels que la technologie, les soins de santé et les biens de consommation de base, ont pris du retard sur l’indice de référence. Je tiens cependant à rappeler à nos lecteurs que les grands noms de ces derniers secteurs étaient ceux qui protégeaient les portefeuilles lors de la révision de mars 2020.
Tableau 1 – Actions
Performance au 31 mars 2021 | 3 mois | Devise |
États-Unis – S&P 500 | 6,17 % | USD |
MSCI Europe | 8,35 % | EUR |
Canada – S&P/TSX | 8,05 % | CAD |
MSCI Marchés émergents | 2,21 % | USD |
MSCI Monde | 4,92 % | USD |
Source : Morningstar
Si les investisseurs dans le marché des actions ont pu se réjouir des gains réalisés au cours des trois premiers mois de l’année, on ne saurait en dire autant des investisseurs obligataires. L’indice obligataire mondial a reculé de 4,46 % au premier trimestre (tableau 2). Ce recul a été mené par les obligations gouvernementales plus défensives et les émissions corporatives de qualité. L’amélioration des perspectives de croissance s’accompagne du risque d’une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Ainsi, les taux de rendement obligataires ont augmenté de façon spectaculaire au cours du trimestre, comme en témoigne le taux des obligations d’État américaines à 10 ans, qui est passé de 0,92 % à 1,75 %. Les taux sur les obligations gouvernementales britanniques et allemandes ont également augmenté au cours de la période, mais pas dans la mesure observée sur les bons du Trésor américain. Pendant ce temps, le secteur plus risqué des obligations à haut rendement (High Yield) a relativement bien résisté grâce à l’amélioration des perspectives économiques.
Tableau 2 – Obligations
Performance au 31 mars | 3 mois | Devise |
Barclays Global Aggregate | – 4,46 % | USD |
Barclays Global Treasury | -5,49 % | USD |
Barclays Global Corporates | -4,25 % | USD |
Barclays Global High Yield | -0,95 % | USD |
Source : Morningstar
Du côté des devises, le dollar américain a rebondi face à l’euro et au yen (tableau 3). Les investisseurs ont vendu l’euro en raison des inquiétudes concernant la reprise dans la zone euro, confrontée à une troisième vague du virus, à de nouvelles mesures de confinement et à des programmes de vaccination qui traînent. La confiance en des marchés haussiers nuit au yen, qui est généralement recherché comme valeur refuge en période de difficultés. Le yen se négocie de nouveau autour de son niveau pré-COVID de 110 au dollar. Pendant ce temps, le dollar américain a perdu du terrain face au huard, qui est généralement plus sensible au cycle économique et aux perspectives.
Tableau 3 – Devises
Performance au 31 mars 2021 | Taux de change | 3 mois |
EUR/USD | 1,173 | -3,97 % |
EUR/CHF | 1,107 | 2,38 % |
EUR/GBP | 0,851 | -4,74 % |
GBP/USD | 1,378 | 0,78 % |
USD/CAD | 1,256 | -1,29 % |
USD/JPY | 110,72 | 7,22 % |
Source : Koyfin
C’était donc un autre trimestre fort pour les marchés boursiers, qui s’est conclu avec l’indice MSCI Monde ayant gagné 75,5 % par rapport à son creux relié au COVID connu en mars 2020. De toute évidence, une grande partie de ces gains ont été tirés par le marché américain. En fait, l’indice S&P 500 a atteint un nouveau sommet historique au cours du trimestre et est en hausse de 77,6 % depuis son dernier creux, enregistré en mars 2020.
Bien qu’il y ait bon espoir que la situation économique continue de s’améliorer et de soutenir les actions à l’échelle mondiale, plusieurs risques pourraient également faire dérailler les marchés, dont les niveaux d’endettement des gouvernements, les augmentations des taux d’imposition et des taux d’intérêt plus élevés.
Une autre préoccupation est de savoir si le marché boursier a déjà pris en compte toutes les bonnes nouvelles. Le marché américain se négocie un ratio cours/bénéfice estimé de 23 fois. Les évaluations actuelles reflètent une croissance des bénéfices attendue de 27 % pour cette année et de 15 % en 2022. Ces valorisations et projections sont plutôt optimistes. La dernière fois que le marché a atteint ce niveau de valorisation, c’était au plus fort de la bulle technologique en 1999-2000, et nous savons comment cela s’est conclu! Comparativement, le ratio cours/bénéfice moyen du S&P 500 au cours des 40 dernières années est de 15 fois les bénéfices. De plus, pour chaque mesure de valorisation typiquement analysée, le marché boursier américain est le plus cher par rapport aux autres grands marchés. Ceci est certainement une cause de préoccupation. Cela me rappelle également la célèbre citation de Warren Buffett : « Soyez avide lorsque les autres ont peur et craintif lorsque les autres sont avides ».
Merci.
René
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