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Directrice adjointe | Investissements
En novembre dernier, l’ONU a tenu son sommet annuel sur le climat à Glasgow (COP : Conférence des Parties). Près de 200 pays se sont réunis afin de prendre des mesures contre les changements climatiques. Quatre objectifs majeurs ont été abordés lors de la conférence : diminuer les émissions de carbone et les réduire à zéro d’ici 2050, améliorer l’adaptation et la résilience aux changements climatiques en protégeant les personnes et la nature, mobiliser la finance internationale pour le climat et accroitre la coopération mondiale.
La COP26 était un sommet très attendu puisqu’il s’agissait de la première mise à jour des Contributions déterminées au niveau national (CDN) depuis l’Accord de Paris, signé en 2015 à l’issue de la COP21 (CDN : Plan de réduction des émissions d’un pays). Le sommet de Paris était particulièrement important puisque c’était la première fois que chaque pays acceptait de travailler collectivement pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C, de s’adapter aux impacts d’un climat changeant et de mettre à disposition des moyens financiers pour atteindre ces objectifs.
Il y a quelques mois, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié sa sixième évaluation. Ce rapport désastreux souligne plus que jamais l’urgence d’agir et n’hésite pas à imputer à l’homme la responsabilité de la majeure partie du réchauffement de la planète. Sans nul doute, ce sombre avertissement a renforcé les attentes vis-à-vis de la COP 26 et a influencé l’accord qui en a résulté, connu sous le nom de Pacte de Glasgow pour le climat.
Lors de la COP26, les pays ont consenti à travailler en faveur d’un plafonnement du réchauffement climatique à 1,5°C et à atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Pour ce faire, de nombreux et ambitieux engagements ont été pris pour 2030. En outre, un accord a finalement été conclu sur le règlement de l’Accord de Paris, ce qui signifie que l’accent est mis désormais sur la mise en œuvre plutôt que sur les discussions.
D’importants objectifs ont été fixés à l’horizon de 2030. À titre d’exemples, citons la réduction des émissions de méthane (le méthane possède une courte durée de vie dans l’atmosphère, mais est un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2, responsable d’environ un tiers du réchauffement d’origine humaine), l’arrêt et l’inversion de la déforestation, l’élimination progressive du charbon et la fin du soutien international aux combustibles fossiles afin de le réorienter vers des énergies plus propres.
Le sentiment qui se dégage de la conférence est que même si des progrès importants ont été réalisés, il aurait été possible d’en faire davantage. La déception la plus souvent exprimée concerne une modification de dernière minute à propos du charbon. À l’origine, l’accord prévoyait « l’élimination progressive » du charbon, mais cet objectif a été remplacé par une « réduction progressive » de son utilisation. Le charbon revêt une importance particulière étant donné qu’il est responsable d’environ 40 % des émissions annuelles de CO2. La bonne nouvelle, c’est que c’est la première fois que les combustibles fossiles sont directement visés par un accord de la COP.
Les pays en développement sont également préoccupés, à juste titre, par le financement qui les aidera à mettre en œuvre leurs plans de transition climatique. Un engagement antérieur de 100 milliards de dollars par an a échoué, alimentant le scepticisme quant à la réalisation des promesses futures. Lors de la COP26, les nations les plus riches ont accepté de remplir cette obligation d’ici quelques années et d’augmenter considérablement le financement d’ici 2025. Il a également été décidé de poursuivre les discussions sur le thème des « pertes et dommages », qui vise à apporter une aide financière aux pays confrontés aux coûts déjà engendrés par le changement climatique. Bien que des doutes persistent quant à la fourniture de cette aide, il y a néanmoins eu un point positif sur ce front. L’Afrique du Sud a présenté un plan audacieux pour passer du charbon à l’énergie verte et a obtenu 8,5 milliards de dollars US de plusieurs nations pour aider son exécution.
On note également une participation importante du secteur privé ainsi que de nombreuses initiatives de décarbonisation. Des centaines d’entreprises se sont engagées à atteindre la carboneutralité, y compris de nombreuses compagnies du secteur financier représentant collectivement près de 130 000 billions USD. Ces engagements sont encourageants, reste à savoir s’ils tiendront la route. Les pays ont bien du mal à tenir leurs engagements, sans parler des entreprises.
Dès lors, est-il possible de se faire une idée de ce que le plan d’action de la COP26 peut faire pour le changement climatique ? L’analyse Climate Action Tracker tente de répondre à cette question. Elle a mesuré l’impact des politiques mondiales déjà en place et estime que le réchauffement sera d’environ 2,7°C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici 2100. La prise en compte des nouvelles cibles de 2030 pourrait réduire ce niveau à environ 2,4 °C et, si l’on tient compte des cibles à long terme, il tomberait de 1,8 à 2,1 °C. À noter que 1,8°C est le résultat d’un scénario très optimiste selon lequel chaque pays mettrait en œuvre sa politique de carboneutralité à long terme. De toute évidence, les objectifs de la COP26 ont été utiles, mais d’autres changements sont nécessaires pour atteindre 1,5°C. Les pays ont convenu de se retrouver dans un an avec des politiques renforcées pour combler cet écart.
Dans l’ensemble, les résultats de la COP26 et la volonté de collaborer sont prometteurs. Nous allons continuer à suivre l’évolution des politiques et des actions en matière de climat. 2022 devrait être une année intéressante et nous sommes impatients de voir la mise en œuvre des programmes climatiques et l’élaboration d’objectifs toujours plus ambitieux par les pays et les entreprises.
Sources:
https://unfccc.int/conference/glasgow-climate-change-conference-october-november-2021
https://ukcop26.org/wp-content/uploads/2021/11/COP26-Negotiations-Explained.pdf
https://climateactiontracker.org/global/temperatures/
https://www.bbc.com/news/science-environment-59220687
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