Investissements
Directeur des investissements
Très peu de gens se souviendront avec tendresse de l’année écoulée. Pandémie mondiale, confinements, interdictions de voyager, ralentissement économique, pertes d’emplois, troubles sociaux, incertitude politique, ce ne sont là que quelques-unes des mauvaises nouvelles que cette année nous a réservées. En revanche, les bonnes étaient plutôt rares. D’abord et avant tout, il y a eu l’effort mondial pour développer rapidement des vaccins efficaces et les premières doses qui en ont résulté ont été administrées en décembre, donnant l’espoir d’un retour à un semblant de vie normale dans un avenir pas trop lointain. Deuxièmement, nous avons été témoins de l’incroyable résilience des marchés financiers face à des circonstances sans précédent.
Commençons par les marchés boursiers. Après une réaction rapide et douloureuse face au début de la pandémie en mars, les cours des actions mondiales se sont rapidement rétablis et ont connu une tendance à la hausse presque constante depuis, l’indice S&P 500 atteignant des sommets sans précédent, pour ne citer qu’un exemple. L’année a été couronnée par un très bon trimestre, l’indice mondial MSCI World gagnant 14 % au cours des trois derniers mois (tableau 1). Octobre a été un mois difficile, les marchés ayant reculé en réaction à une recrudescence des cas de Covid en Europe et à des restrictions plus massives. Cependant, ce climat a rapidement fait volteface en novembre, avec l’annonce de vaccins efficaces par Pfizer, AstraZeneca et Moderna, et en décembre, lorsque les premières doses ont été administrées.
Il y avait de la lumière au bout du tunnel, l’espoir d’un retour à la normale et, par conséquent, un horizon plus dégagé pour les actifs à risque. Cet optimisme est venu « estrumper » (je veux dire estomper, bien sûr) d’autres préoccupations, comme les élections présidentielles américaines qui se sont déroulées tant bien que mal, mais avec relativement peu de perturbations sur les marchés. En fin de compte, les marchés boursiers mondiaux ont achevé 2020 avec un rendement meilleur que prévu de 15,9 %, ce qui est surtout attribuable aux actions américaines. Pendant ce temps, les marchés européens n’ont pas pu se remettre entièrement des pertes du premier trimestre et ont terminé l’année en territoire négatif. Quant au marché canadien, il s’est enfin ressaisi au dernier trimestre pour clore l’année sur une note positive. Le secteur financier, qui représente 30 % de l’indice canadien, et le secteur de l’énergie ont été les principaux coupables d’une année relativement décevante.
Tableau 1 – Marchés boursiers
Rendement au 31 décembre 2020 | T4 | Année | Devise |
US – S&P 500 | 12,15 % | 18,40 % | USD |
MSCI Europe | 10,80 % | -3,32 % | EUR |
Canada – S&P/TSX | 8,97 % | 5,60 % | CAD |
MSCI Emerging Markets | 19,70 % | 18,31 % | USD |
MSCI World | 13,96 % | 15,90 % | USD |
Source : Morningstar
Au cours du dernier trimestre, les marchés mondiaux ont été dominés par des noms de secteurs plus cycliques, une poursuite du jeu de reprise observé au troisième trimestre. Ainsi, les secteurs de l’énergie, des services financiers, de la consommation discrétionnaire et des matériaux ont donné le pas alors que ceux plus défensifs, tels les secteurs de la consommation de base et de la santé, se sont contentés de suivre. Les grands gagnants de l’année demeurent les secteurs de la technologie, de la consommation discrétionnaire et des services de communication, qui sont alimentés par Facebook, Amazon, Netflix, Microsoft, Apple et Alphabet. Malgré leur fort rebond au cours de la dernière partie de l’année, les secteurs de l’énergie et des finances ont terminé 2020 comme les deux moins performants, tous deux affichant des rendements négatifs.
Du côté des titres à revenu fixe, des perspectives plus optimistes ont diminué le besoin de recourir à des valeurs refuges, d’où la chute des obligations gouvernementales américaines au cours du trimestre (tableau 2). Pendant ce temps, le secteur à haut rendement a été le fer de lance aux États-Unis et en Europe, car les écarts, c’est-à-dire la prime de taux d’intérêt par rapport aux taux gouvernementaux, ont continué de se resserrer au cours du trimestre, indiquant une demande accrue pour ces placements plus risqués face au recul des inquiétudes relatives aux risques de défauts des sociétés. Le secteur des obligations corporatives a également profité du resserrement des écarts pour surpasser les obligations gouvernementales.
Dans l’ensemble, les obligations mondiales se sont bien portées au cours des trois derniers mois de l’année, avec un rendement de 3,3 % pour l’indice mondial Barclays Global Aggregate, portant le rendement annuel à 9,2 %. Or, l’année 2020 restera gravée dans les mémoires pour l’énorme soutien accordé par les banques centrales du monde entier au moyen de programmes d’achat d’obligations et de politiques monétaires souples. Aujourd’hui, 90 % de toutes les banques centrales maintiennent leur taux directeur cible à un niveau historiquement bas.
Tableau 2 – Obligations
Rendement au 31 décembre 2020 | T4 | Année | Devise |
Barclays Global Aggregate | 3,28 % | 9,20 % | USD |
Barclays US Aggregate | 0,67 % | 7,51 % | USD |
Barclays US Government | -0,79 % | 7,94 % | USD |
Barclays US Corporates | 3,05 % | 9,89 % | USD |
BofA US High Yield | 6,48 % | 6,17 % | USD |
Barclays Eur Aggregate | 1,26 % | 4,05 % | EUR |
Markit EUR Sovereigns | 1,21 % | 5,01 % | EUR |
Markit EUR Corporates | 1,98 % | 2,73 % | EUR |
Barclays EUR High Yield | 5,34 % | 1,76 % | EUR |
Ishares Core Canadian Universe Bonds | 0,64 % | 8,57 % | CAD |
À noter que les rendements en USD de l’indice Global Aggregate ci-dessus ont été favorisés par la faiblesse du dollar américain cette année puisque les obligations non américaines représentent environ 65 % de la composition de l’indice.
En parlant de l’USD, le billet vert a atteint des sommets annuels de 1,07 $ US pour l’euro et 1,47 $ CA au pire du choc boursier en mars, alors que les investisseurs se précipitaient vers les actifs refuges traditionnels en dollars. Depuis lors, y compris au quatrième trimestre, l’USD a été en chute libre parallèlement au retour à un climat « risk-on » où les investisseurs étaient plus enclins à prendre des risques (tableau 3).
Tableau 3 – Devises
Rendement au 31 décembre | Taux de change | T4 | Année |
EUR/USD | 1,2236 | 4,3 % | 9,0 % |
EUR/CHF | 1,0816 | 0,4 % | – 0,5 % |
EUR/GBP | 0,8951 | -1,3 % | 5,6 % |
GBP/USD | 1,3669 | 5,7 % | 3,2 % |
USD/CAD | 1,2740 | -4,6 % | -1,8 % |
USD/JPY | 103,25 | -2,2 % | -5,0 % |
Nous disons donc adieu à 2020 et aux bonnes (quelques-unes) et moins bonnes (plusieurs) choses que l’année nous a amenés. Bon débarras et bienvenue à 2021! Mais à quoi faut-il s’attendre pour cette nouvelle année et pour l’avenir? Nous pouvons tous essayer de deviner quand nous récupérerons un semblant de normalité, et ce, que ce soit dans notre vie quotidienne ou pour l’économie. Franchement, je n’en sais pas plus que vous.
Du point de vue de l’investissement, nous préférons avoir une vision de plus longue haleine, sans tenter de spéculer sur le prochain trimestre ou l’année à venir. Nous construisons les portefeuilles de nos clients dans une perspective à long terme, en nous concentrant sur l’implémentation d’une bonne répartition des actifs et en sélectionnant les meilleurs gestionnaires possibles.
Notre défi, dans l’environnement d’aujourd’hui, est de constituer des portefeuilles qui généreront le meilleur profil de risque/rendement afin d’atteindre les objectifs à long terme de nos clients. Avec des taux d’intérêt proches de niveaux historiquement bas, l’espérance de rendement des obligations à long terme n’est que d’environ 1 %, ce qui correspond au taux de rendement actuel de l’indice de référence obligataire mondial. Nos attentes en matière de rendement des actions mondiales à long terme, fondées sur une compilation de projections d’experts du marché, sont d’environ 6,5 %. En conséquence, le rendement à long terme estimé pour un portefeuille 60/40 typique serait d’environ 4,3 %. Nous visons à faire mieux. Tout d’abord, nous nous attendons à ce que nos gestionnaires d’obligations et d’actions ajoutent de la valeur en sus des rendements projetés sur les marchés publics indiqués ci-dessus. Deuxièmement, nous préférons ne pas constituer des portefeuilles 60/40 typiques pour nos clients. Nous concevons des portefeuilles plus diversifiés qui comprennent un nombre de classes d’actifs non traditionnel offrant des rendements intéressants, qui sont moins corrélés aux marchés publics, réduisant ainsi la volatilité ou le risque des portefeuilles. Il en résulte des portefeuilles aux profils de risque/rendement attendu qui s’annoncent beaucoup plus attrayants à long terme.
Mes meilleurs vœux de santé, bonheur et prospérité en cette nouvelle année.
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